Soumis par Doris (Pilon) Lemoine,(#536)
Arrière-petite-fille de Michel Leclair
La paroisse de Saint-Norbert au Manitoba fête cette année son 150e anniversaire. C'est dans ce contexte que j'ai voulu en apprendre davantage au sujet de mes arrière-grands-parents, Michel Leclair et Annie Leroux qui figurent parmi les familles pionnières de ce village, aujourd'hui devenu une banlieue de Winnipeg. Je me suis demandée pourquoi la famille Leclair était partie de Côteau-du-Lac pour venir s'établir dans l'Ouest canadien. Après quelques recherches, j'ai compris qu'ils ont sans doute répondu à l'abbé Noël Ritchot, qui entre 1875 et 1900, a invité une certaine de colons à venir s'établir dans la paroisse. "Les membres du clergé manitobain, y compris l'abbé Ritchot, parcouraient le Québec, la Nouvelle-Angleterre, la France et la Belgique à la recherche de colons francophones éventuels." Les journaux francophones faisaient l'éloge de la vie au Manitoba et en particulier à Saint-Norbert. D'après le journal Le Manitoba, "Saint-Norbert est destiné à devenir, par sa position et ses avantages naturels, l'une des paroisses les plus riches qui soient établies sur les bords de la rivière Rouge." Qui aurait pu résister à cet appel?
Michel, fils d'Antoine Leclaire et Marguerite Rousseau, est né le 2 octobre 1844 à Côteau-du-Lac, comté de Soulanges, Québec et est baptisé le lendemain par l'abbé Théophile Brassard, curé de la paroisse (1835 - 1858). Son parrain et sa marraine sont Guillaume Lalonde et Catherine Leclair. Sa future épouse, Annie Leroux, fille de Pierre Leroux et d'Élisabeth Cunningham, est née le 8 juillet 1851 et est baptisée le même jour à Côteau-du-Lac par l'abbé Théophile Brassard. Jean-Baptiste Cuillerier et Anny Phelan sont parrain et marraine.
Le père de Michel, Antoine, marie Josephte Bissonnette le 5 août 1816 à Les Cèdres. Ils ont cinq enfants dont Catherine (née le 10 janvier 1817), Antoine (né en novembre 1818), Rose (née le 15 avril 1821), Josephte (née le 21 octobre 1822) et Marcelle (née le 9 août 1824). Tous sont baptisés à Les Cèdres. Devenu veuf, Antoine contracte un deuxième mariage avec Marguerite Rousseau le 12 février 1828 à Vaudreuil. Michel, mon arrière-grand-père est né de cette deuxième union. D'après les recherches effectuées, il eut trois frères, dont Michel, qui meurt en bas âge, ainsi qu'Antoine et Joseph.
Michel et Annie se marient le 6 mai 1873 à la paroisse Saint-Ignace au Côteau-du-Lac. Le mariage est annulé lorsqu'on découvre quelques jours plus tard "un empêchement du troisième degré de consanguinité". Une dispense est obtenue de monsieur Hypolite Moreau, vicaire général du diocèse, et le mariage est réhabilité le 4 juin 1873.
D'après l'acte de mariage, Michel est journalier à cette époque. Plus tard, son plus jeune fils, Donat, raconte en entrevue que Michel avait aussi été cocher pour le seigneur Quinquérand de Beaujeu à un certain temps. Une de ses filles, Marie Elmire a pour parrain Quinquérand de Beaujeu et pour marraine, mademoiselle Elmire de Gaspé. D'après le recensement de 1881, Michel est aussi cultivateur.
Alors qu'ils habitent encore à Côteau-du-Lac, Annie et Michel ont huit enfants dont Pierre Cyrille (né le 27 février 1874), Marie Elmire (née le 4 juin 1875), Joseph Ovila (né le 28 octobre 1876), Marie Anne Célestine (née le 14 mai 1878), Joseph Olivier (né le 16 août 1879), Michel Olivier (né le 1er juin 1881), Marie Régina Amélia (née le 5 juin 1883) et Joseph Auguste Azarias (né le 21 novembre 1884).
L'annonce de bonnes terres agricoles disponibles au Manitoba, ainsi que le désir d'assurer une meilleure vie à ses fils, encouragent sans doute Michel à vendre son terrain à Côteau-du-Lac. Il envoie son bétail et son moulin par "freight" au Manitoba, tandis que la famille fait le voyage par train jusqu'à Saint-Norbert où elle est accueillie par William Campeau et son épouse, Josephine.
Une fois à Saint-Norbert où le couple s'établit, quatre autres enfants naissent. Il s'agit de ma grand-mère, Marie Élisabeth Agnès (née le 14 février 1890), ainsi que Marie Rose Alice (née le 16 octobre 1891), Marie Rosina Thérèse (née le 1er septembre 1893) et Joseph René Donat (né le 28 mars 1897). Les enfants de Michel et d'Annie grandissent dans la ferme à Saint-Norbert et reçoivent des leçons de catéchisme de l'abbé Noël Ritchot et de l'abbé Gabriel Clouthier. La majorité des enfants de Michel et d'Annie s'établissent dans les environs de Saint-Norbert et de Sainte-Anne-des-Chênes au Manitoba, à l'exception de Marie Elmire qui marie Avit Visioz, un professeur français. Ces derniers vivront au Maroc et en France.
Michel Leclair devient propriétaire des lots 78 et 79 à Saint-Norbert au Manitoba et cultive la terre avec son fils pendant bon nombre d'années. Cette propriété est maintenant l'emplacement du Parc provincial du Patrimoine de Saint-Norbert. Deux maisons historiques, dont celle des Bohémier et des Turenne, sont situées dans ce parc et sont ouvertes au public en été. Une troisième, la Maison Delorme attend sa restauration.
Michel s'implique dans sa communauté et contribue, en 1912, à la mise sur pied de la municipalité de Fort Garry. Il siège au sein du Conseil municipal de Fort Garry durant cinq années. Ce premier Conseil fait preuve d'une saine administration. Son fils, Olivier suit les pas de son père et est membre de ce Conseil de 1919 jusqu'en 1931.
Annie, épouse et mère dévouée, est aussi active au niveau de la paroisse et fait partie du premier regroupment des Dames de Sainte-Anne de la Paroisse de Saint-Norbert. C'est trop tôt qu'Annie s'éteint à Saint-Norbert le 10 juillet 1921 à l'âge de 70 ans. Michel, par contre, voit ses 92 ans. Il décède le 8 octobre et est inhumé le 10 octobre 1936 au cimetière de Saint-Norbert. Dans la nécrologie publiée dans La Liberté et le Patriote, il est mentionné qu'il était à Saint-Norbert depuis près de 50 ans.
Même si je ne porte pas l'illustre nom Leclair, je suis fière d'avoir comme ancêtres ces courage aux pionniers, qui ont su être fidèles à leur foi, à leur langue et à leur patrimone, tout en contribuant au développement de leur nouvelle communauté. Aujourd'hui, leur descendants, dotés d'un même sens d'aventure, sont répartis à travers le monde. En terminant, j'invite les lecteurs du Clairon à ajouter à ce bref historique de la famille Leclair au Manitoba. Ce sera avec beaucoup d'intérêt que je continuerai à lire cette nouvelle chronique des ancêtres de Jean Leclerc, dit Lafleur.
Michel Leclair et Anne Leroux
Michel Leclair à droite et sa fille Élisabeth